AU FIL DES JOURS...

Marcher avec les saints

Edition du

29/04/2024

Catherine de Sienne

Catherine est née le 25 mars 1347 à Sienne dans une famille très nombreuse : elle est la benjamine de 24 frères et sœurs. Très tôt, Catherine est attirée par le Seigneur et désire se consacrer à lui. Dès l’âge de six ans, elle reçoit ses premières grâces mystiques. À 7 ans, elle fait vœu de virginité.  

Après différentes péripéties, Catherine entre chez les sœurs de la Pénitence de saint Dominique (surnommées les Mantellate). On pourrait dire que ce sont des tertiaires dominicaines. 

Juste avant le Carême 1368, à 21 ans, Catherine reçoit la grâce du mariage mystique c’est-à-dire qu’elle reçoit la grâce de devenir l’épouse du Christ. Il lui apparaît et lui remet un anneau en signe de l’engagement de leurs noces. Toute sa vie, elle sent l’anneau autour de son doigt sans que personne d’autre qu’elle ne puisse le voir. Sa réputation de sainteté grandit. Elle se consacre à la prière, elle jeûne et vient en aide aux pauvres et aux malades de Sienne. 

À partir de ce moment, commence ce que je pourrais appeler la vie publique de Catherine. 

À partir de 1371, Catherine commence une intense activité missionnaire et diplomatique. Elle est en contact avec de nombreux cardinaux et avec le pape Grégoire XI lui-même. Elle écrit au pape des lettres où elle n’hésite pas à être ferme dans ses demandes à celui qu’elle appelle « le doux Christ de la terre ». Elle mélange une grande déférence et un franc parler assez étonnant pour une jeune femme de l’époque, surtout écrivant au pape ! 

En 1374, Catherine est convoquée au chapitre général des Dominicains à Florence. C’est là qu’elle rencontre le père Raymond de Capoue qui va devenir son directeur spirituel et son biographe, et plus tard, après la mort de Catherine, maître de l’ordre des Dominicains. Raymond de Capoue a lui aussi été béatifié. Comme vous le savez, les saints s’attirent mutuellement… C’est aussi en 1374 que Catherine reçoit les stigmates, mais elle demande au Seigneur qu’ils restent invisibles. Nous connaissons ces détails grâce au témoignage du bienheureux Raymond de Capoue. 

Un groupe commence à se former autour d’elle. On les appelle les « caterini » (ceux de Catherine). Parmi eux, on trouve Raymond de Capoue. Ils accompagnent Catherine dans ses voyages qui sont aussi des voyages apostoliques. Pour eux, elle est la « madre », la mère. 

Catherine se consacre aussi à l’établissement de la paix entre les villes italiennes, et particulièrement avec Florence en guerre contre le pape. 

En juin 1376, Catherine est à Avignon à la cour du pape Grégoire XI, justement envoyée par la ville de Florence pour aider à trouver un accord de paix. Elle obtient une audience avec lui et lui demande 3 choses, outre les questions de paix : 

  • rentrer à Rome, 
  • lancer une nouvelle croisade,
  • assainir l’Église où règne le désordre et corrompue par les vices et les péchés. 

Évidemment, elle ne fait pas l’unanimité à Avignon. Beaucoup ne sont pas favorables au retour du pape à Rome. Mais Catherine devient de plus en plus proche du pape Grégoire XI et elle obtient enfin son retour à Rome où il arrive en janvier 1377. Catherine, de son côté, rentre à Sienne où sa réputation de sainteté est désormais acquise. 

Entre temps, la situation s’est envenimée entre le pape et la ville de Florence. Catherine obtient des avancées vers la réconciliation, mais les négociations sont interrompues par la mort de Grégoire VII. C’est Urbain VI qui est élu en avril 1378. Catherine obtient de lui qu’il signe la paix en juillet 1378. Elle peut retourner à Sienne. C’est à ce moment-là qu’elle va dicter son œuvre majeure, le Dialogue, qui reprend ses conversations avec le Christ pendant ses extases. C’est cette œuvre qui explique que Catherine ait été déclarée docteur de l’Église. 

Mais un autre danger guette l’unité de l’Église. 

Le pape Urbain VI a bien été élu de manière absolument valide. Cependant un certain nombre de cardinaux se réunissent 5 mois après l’élection d’Urbain VI et ils élisent un autre pape qui prend le nom de Clément VII. C’est le début de ce qu’on appelle « le Grand Schisme d’Occident » qui va durer 40 ans pour ne finir qu’en 1417. Ce schisme était redouté par Catherine qui avait prévenu le pape à diverses reprises. 

Catherine décide alors de se rendre à Rome pour soutenir Urbain VI. C’est un soutien de taille car Catherine a maintenant une grande réputation de sainteté. Catherine déploie toute son énergie à défendre le pape légitime. 

Elle meurt à Rome à l’âge de 33 ans le 29 avril 1380. 

Catherine est canonisée en 1461. En 1970, elle est déclarée docteur de l’Église par saint Paul VI un mois après sainte Thérèse d’Avila. Ce sont les deux premières femmes docteurs de l’Église. Saint Jean-Paul II nomme Catherine co-patronne de l’Europe en 1999.  

Quel est le message de Dieu que nous livre sainte Catherine de Sienne ? 

Remarquons d’abord que sainte Catherine de Sienne est un nouvel exemple de saint ou sainte engagé dans différents processus de paix. Comme je l’ai déjà dit avec saint Nicolas de Flüe, les saints sont des facteurs de paix. Ils rayonnent la paix de Dieu. 

  1. L’inhabitation de Dieu dans l’âme 

La première chose que je voudrais souligner, c’est la conviction que sainte Catherine a eue de la présence de Dieu Trinité dans son âme. C’est ce qu’elle appelle l’inhabitation de Dieu dans l’âme, ce qu’elle appelle sa « cellule intérieure ». Elle parle aussi d’habitude d’habiter sa cellule intérieure, c’est-à-dire que, pour profiter de cette présence incessante de Dieu en nous, il faut vivre dans cette cellule, être attentif à cette présence aimante de Dieu. L’objectif est simple : agir en union avec Dieu. 

  1. Se connaître soi-même 

Un autre point de la spiritualité de Catherine de Sienne est la connaissance de soi. 

Dans le Dialogue, Catherine confie cette parole que Jésus lui a dite : « Sais-tu, ma fille, qui tu es et qui je suis? Si tu as cette double connaissance, tu seras heureuse. Tu es celle qui n’est pas, je suis Celui qui suis. » 

Raymond de Capoue dans sa biographie explique que le fait de savoir que nous ne sommes rien nous met à l’abri de l’orgueil. « Quelle enflure d’orgueil pourrait en effet entrer dans l’âme qui sait qu’elle n’est rien ? », dit-il. 

Mais attention, ce n’est pas du misérabilisme ! 

C’est pourquoi, dans le Dialogue, Jésus ajoute : 

« Je veux bien que tu voies ton néant, ta négligence, ton ignorance, mais je veux que tu les voies non dans les ténèbres de la confusion, mais à la lumière de la bonté divine que tu trouves en toi. Apprends que le démon veut vous arrêter à la connaissance de vos misères, tandis que la connaissance doit toujours être accompagnée de l’espérance de la miséricorde divine. » 

Donc la connaissance de soi n’est pas le but ultime. Si nous nous arrêtons seulement à cela, nous ouvrons la porte au démon qui veut nous décourager – et le découragement est un péché. 

Jésus demande que la connaissance de notre néant nous conduise à sauter dans les bras de la miséricorde divine : « je ne suis rien, certes, mais Dieu m’aime et il a donné sa vie pour moi ! » 

La connaissance de notre néant de notre néant doit nous faire découvrir l’amour infini dont nous sommes l’objet sans aucun mérite de notre part. 

Dans le Dialogue, Jésus révèle l’immensité de son amour pour nous. Il affirme que ce ne sont pas les clous mais le « feu de cette charité, qui l’attachait et le clouait à la croix ». Il parle alors des « clous de l’amour » qui l’ont maintenu sur le bois du supplice. 

Il y aurait encore beaucoup de choses à dire sur le message que nous laisse sainte Catherine de Sienne. Si vous voulez en savoir plus, je vous conseille de lire le Dialogue, ce chef d’œuvre spirituel et mystique que nous a laissé cette sainte, docteur de l’Église. 

Retrouvez d'autres publications de cette édition

AU FIL DES JOURS...

Marcher avec les saints

Vous pouvez y accéder en vous abonnant à l'email de prière ou en téléchargeant l'application "Prier Aujourd'hui"