Voici un extrait des Misérables de Victor Hugo, la rencontre de Jean Valjean et Mgr Bienvenue qui recueille chez lui ce forçat que tout le monde rejette. « La porte du médecin ne doit jamais être fermée ; la porte du prêtre doit toujours être ouverte » affirmait Hugo.
En voici un bel extrait et exemple.
— Monsieur le curé, dit l’homme, vous êtes bon. Vous ne me méprisez pas. Vous me recevez chez vous. Vous allumez vos cierges pour moi. Je ne vous ai pourtant pas caché d’où je viens et que je suis un homme malheureux.
L’évêque, assis près de lui, lui toucha doucement la main :
— Vous pouviez ne pas me dire qui vous étiez. Ce n’est pas ici ma maison, c’est la maison de Jésus-Christ. Cette porte ne demande pas à celui qui entre s’il a un nom, mais s’il a une douleur. Vous souffrez, vous avez faim et soif ; soyez le bienvenu. Et ne me remerciez pas, ne me dites pas que je vous reçois chez moi. Personne n’est ici chez soi, excepté celui qui a besoin d’un asile. Je vous le dis à vous qui passez, vous êtes ici chez vous plus que moi-même. Tout ce qui est ici est à vous. Qu’ai-je besoin de savoir votre nom ? D’ailleurs, avant que vous me le disiez, vous en avez un que je savais.
L’homme ouvrit des yeux étonnés.
— Vrai ? Vous saviez comment je m’appelle ?
— Oui, répondit l’évêque, vous vous appelez mon frère.
S’il y a quelque chose qui symbolise bien mes journées, ma présence et l’état d’esprit dans lequel j’essaie de vivre mon quotidien, c’est la porte ouverte du bureau dans lequel je travaille et que je partage avec l’abbé Pascal, séminariste salésien en stage à Magone.
Pendant une matinée de travail, beaucoup de personnes peuvent passer par cette porte : les jeunes du centre, bien sûr, mais aussi un prêtre salésien, un parent d’élève, un ancien jeune, les enfants de Bakanja, une poule, un professeur, et tant d’autres.
[…] C’est là le sens de cette porte grande ouverte du bureau : qu’à tout moment, je puisse être dérangé par celui qui me cherche, qui a besoin de moi, ou qui veut simplement me saluer. Cette porte ouverte, c’est d’abord l’attitude intérieure que j’essaie d’avoir et de développer tant bien que mal : une ouverture à l’autre, une ouverture du cœur, avec cette conviction profonde que celui qui vient me voir, même pour quelques instants seulement, même s’il me dérange quelque peu dans mon travail, est plus important que tout le reste, et que rien d’autre que lui ne doit retenir mon attention.