Prendre soin, c’est être attentif ou encore veiller à. C’est aussi aider, protéger, ou tendre la main. C’est ce que le Seigneur veut faire pour chacune de nos vies.
Car, Il a pour chacun de nous des projets, une orientation intime qu’il veut donner à notre vie. Dieu prend et prendra toujours soin de nous, et cela, mieux que nous-mêmes. Seulement, nous devons nous approcher de Lui avec assurance et Lui faire confiance. Dans la foi chrétienne cela s’appelle Le rencontrer !
Benoît XVI, dans Deus Caritas I l’affirme « À l’origine du fait d’être chrétien, il n’y a pas une décision éthique ou une grande idée, mais la rencontre avec un événement, avec une Personne, qui donne à la vie un nouvel horizon et, par-là, son orientation décisive. (…) »
J’ai senti un réel tournant dans mon attitude avec les enfants des rues, lors d’une maraude où nous avons rencontré un groupe à l’abri sous un porche d’immeuble en chantier. Ils s’étaient installés là suite à l’incendie de leur bidonville, tentant de retrouver un semblant de confort en posant des cartons par terre. Après avoir engagé la discussion et sentant que nous étions là pour bavarder un peu, ils nous proposent de venir nous asseoir au milieu d’eux. Nous parlons avec eux un bon moment, leur donnant des gâteaux pour détourner l’attention de leur estomac criant famine.
Au moment de partir, un des jeunes d’une dizaine d’année vient me prendre délicatement la main, et me dit d’une voix pleine de douceur “prends soin de toi.” C’est une formule de politesse aux Philippines, souvent nous la disons pour se dire au revoir. Abasourdi par ces mots qui me touchent profondément, je suis aussi révolté car je suis convaincu que c’est bien à lui de faire attention. Je suis privilégié, je rentre le soir dans un appartement, j’aurai de quoi me préparer un diner, prendre une douche et dormir dans un lit confortable à l’abri de toutes les atrocités de la rue.
Et c’est pourtant lui qui me demande de prendre soin de moi. Cette phrase gonfle alors mon coeur de joie car à ce moment précis, lorsque sa main prenait la mienne, je sentais que c’était le Christ lui-même qui me disait ces mots.