Dans l’Evangile d’aujourd’hui, nous voyons Jésus envoyer les 72 disciples “deux par deux” et les exhorter : “La moisson est abondante, mais les ouvriers sont peu nombreux. Priez donc le maître de la moisson d’envoyer des ouvriers pour sa moisson.” (Lc 10, 1-9) Dans notre Eglise occidentale fragilisée, où nous nous lamentons souvent sur la baisse du nombre de prêtres, mais aussi la chute du nombre de baptisés et de pratiquants, cette parole nous paraît sans doute bien actuelle. Mais, quand nous prions pour les vocations, comprenons-nous que la mission n’est pas qu’une affaire de prêtres ? Et que nous tous, laïcs engagés “dans le monde”, nous avons un rôle tout particulier à jouer. Souvent, on situe spontanément les prêtres en “première ligne” de la mission d’évangélisation, comme si la “troupe” des fidèles laïcs se trouvait à l’arrière-garde… S’engager dans la vie paroissiale a ainsi souvent été compris comme une aide nécessaire apportée à un homme généreux, mais seul : « Il faut bien aider notre curé. » Mais en fait c’est tout l’inverse : le sacerdoce ministériel est au service du sacerdoce baptismal ! (cf. Vatican II, Lumen Gentium paragr. 10, 2).
Une clé réside sans doute dans cet appel pressant du Pape François, dans son message pour la Semaine Missionnaire Mondiale : “La mission pour tous requiert l’engagement de chacun. Il est donc nécessaire de poursuivre le chemin vers une Église tout entière synodale-missionnaire au service de l’Évangile. La synodalité est en soi missionnaire, et vice versa, la mission est toujours synodale.”
Tous les membres du corps sont donc nécessaires à la mission ! Il est urgent de vivre avec simplicité cet esprit de soutien et d’attention réciproques, dans une authentique communion entre prêtres, laïcs et consacrés. Et celle-ci ne peut exister qu’enracinée dans la prière et stimulée par une responsabilité à la fois partagée et différenciée, où chacun peut donner le meilleur de lui-même et de sa vocation propre.
C’est précisément ce que vivent les missionnaires e’M (église en Mission) : ils ont accepté de partir en mission pour 3 ans dans un territoire où ils peuvent s’appuyer sur des temps de prière, des temps fraternels gratuits et des temps de travail, vécus avec les prêtres voire aussi les consacrés qui les accueillent. Dans des paroisses et sanctuaires de zones rurales ou en quartiers populaires, la mission les attend auprès de personnes parfois fragiles et souvent éloignés de l’Eglise.
Posons-nous aujourd’hui la question avec sérieux et demandons à l’Esprit Saint de nous éclairer : et si cet appel était aussi pour moi ?
Seigneur Jésus, Toi qui aimes et sauves le monde, nous te rendons grâce pour ton Église en mission en France. Nous te confions tout particulièrement e’M et les volontaires qui se rendent disponibles pour la mission en quittant leur maison. Sois leur demeure. Donne à ceux qui partent, comme à ceux qui les accueillent, de vivre dans la communion de ton Esprit Saint. Donne leur une charité fraternelle quotidienne, humble, patiente et persévérante. Qu’ils aiment comme tu aimes ton Eglise. Donne ainsi aux équipes en mission de devenir chaque jour davantage tes témoins, disponibles et à l’écoute des habitants, audacieux pour partager la joie de ton Évangile. Unis à ton Cœur brûlant et transpercé, comme à celui de ta sainte Mère, donne leur de vivre avec simplicité et réciprocité la complémentarité des différentes vocations, au sein de ton Église, maison et école de la communion, sacrement du salut pour l’humanité toute entière, en marche vers ton Père et notre Père. Amen.