Dans notre imaginaire, quand on nous parle d’un missionnaire, peut-être que nous nous faisons une fausse image : celle d’un prédicateur à longue barbe, une sorte de grand sage un peu “intello”, un leader “en surplomb” qui harangue les foules de loin pour les encourager à la conversion. Comme si annoncer le Christ était en quelque sorte réservé aux beaux-parleurs, amateurs de grands discours et peut-être, au fond, un peu “donneurs de leçon”… Pourtant, dans l’Evangile d’aujourd’hui, Jésus met en garde de façon très claire les docteurs de la Loi : “Malheureux êtes-vous, parce que vous chargez les gens de fardeaux impossibles à porter, et vous-mêmes vous ne touchez même pas ces fardeaux d’un seul doigt.” (Lc 11, 46)
En ce jour de la fête de Ste Marguerite-Marie Alacoque, écoutons Jésus nous parler de son Coeur débordant d’amour qu’Il lui a révélé : “Mon divin Cœur est si passionné d’amour pour les hommes, et pour toi en particulier, que ne pouvant plus contenir en lui-même les flammes de son ardente charité, il faut qu’il les répande par ton moyen” (Autobiographie, § 53)
Voilà donc le programme : nous faire le réceptacle de cet Amour infini du Christ pour nous, afin de laisser déborder cette charité sur ceux que nous sommes appelés à servir : les plus faibles et les plus fragiles en particulier, tous “ceux qui ploient sous le poids du fardeau”. Nous sommes appelés à répondre à cet amour passionné du Christ par une attitude de compassion. Et ce n’est pas rien ! Il s’agit véritablement de partager les souffrances de l’autre. La charité véritablement missionnaire ne peut se vivre dans une posture condescendante : elle nécessite de plonger ! Vivre en baptisé, appelé à annoncer la Bonne Nouvelle, c’est être de véritables Simon de Cyrène, qui portent littéralement la Croix du Christ avec Lui. La tentation peut être grande de fuir la souffrance et la solitude, ou de détourner le regard devant un pauvre : être missionnaire c’est refuser d’éluder la souffrance, reconnaître en chaque pauvre le Christ lui-même “sous son déguisement de misère” et l’aimer “au point que cela fasse mal” (Mère Teresa), car c’est de la Croix que jaillit la Résurrection !
Seigneur Jésus, Toi qui aimes et sauves le monde, nous te rendons grâce pour ton Église en mission en France. Nous te confions tout particulièrement e’M et les volontaires qui se rendent disponibles pour la mission en quittant leur maison. Sois leur demeure. Donne à ceux qui partent, comme à ceux qui les accueillent, de vivre dans la communion de ton Esprit Saint. Donne leur une charité fraternelle quotidienne, humble, patiente et persévérante. Qu’ils aiment comme tu aimes ton Eglise. Donne ainsi aux équipes en mission de devenir chaque jour davantage tes témoins, disponibles et à l’écoute des habitants, audacieux pour partager la joie de ton Évangile. Unis à ton Cœur brûlant et transpercé, comme à celui de ta sainte Mère, donne leur de vivre avec simplicité et réciprocité la complémentarité des différentes vocations, au sein de ton Église, maison et école de la communion, sacrement du salut pour l’humanité toute entière, en marche vers ton Père et notre Père. Amen.