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25/07/2025

Pour la 111ème Journée mondiale du Migrant et du Réfugié 2025

Message du pape Léon XIV pour la 111ème Journée mondiale du Migrant et du Réfugié 2025, qui se tiendra les 4 et 5 octobre 2025

Migrants, missionnaires d’espérance

Du Vatican, le 25 juillet 2025, fête de saint Jacques Apôtre

Chers frères et sœurs,

La 111ème Journée mondiale du Migrant et du Réfugié, que mon prédécesseur a voulu faire coïncider avec le Jubilé des migrants et du monde missionnaire, nous offre l’occasion de réfléchir sur le lien entre espérance, migration et mission.

Le contexte mondial actuel est tristement marqué par les guerres, les violences, les injustices et les phénomènes météorologiques extrêmes qui obligent des millions de personnes à quitter leur terre d’origine pour chercher refuge ailleurs. La tendance généralisée à ne se préoccuper que des intérêts de communautés restreintes constitue une menace grave pour le partage des responsabilités, la coopération multilatérale, la réalisation du bien commun et la solidarité mondiale au profit de toute la famille humaine. La perspective d’une nouvelle course aux armements et le développement de nouvelles armes, y compris nucléaires, le peu de considération accordée aux effets néfastes de la crise climatique actuelle et les profondes inégalités économiques rendent les défis présents et futurs de plus en plus difficiles.

Face aux théories de dévastation mondiale et aux scénarios effrayants, il est important que grandisse dans le cœur de chacun le désir d’espérer un avenir de dignité et de paix pour tous les êtres humains. Un tel avenir est une partie essentielle du projet de Dieu sur l’humanité et le reste de la création. Il s’agit de l’avenir messianique annoncé par les prophètes : « Les vieux et les vieilles reviendront s’asseoir sur les places de Jérusalem, le bâton à la main, à cause de leur grand âge ; les places de la ville seront pleines de petits garçons et de petites filles qui viendront y jouer […] Oui, il y aura une semence de paix : la vigne donnera son fruit, la terre donnera son produit, le ciel donnera sa rosée » (Za 8, 4-5.12). Et cet avenir a déjà commencé, car il a été inauguré par Jésus-Christ (cf. Mc 1, 15 et Lc 17, 21) et nous croyons et espérons en sa pleine réalisation, car le Seigneur tient toujours ses promesses.

Le Catéchisme de l’Église catholique enseigne : « La vertu d’espérance répond à l’aspiration au bonheur placée par Dieu dans le cœur de tout homme ; elle assume les espoirs qui inspirent les activités des hommes » (n° 1818). Et c’est certainement la recherche du bonheur – et la perspective de le trouver ailleurs – qui est l’une des principales motivations de la mobilité humaine contemporaine.

Ce lien entre migration et espérance se révèle clairement dans de nombreuses expériences migratoires de notre temps. Beaucoup de migrants, de réfugiés et de personnes déplacées sont des témoins privilégiés de l’espérance vécue au quotidien, à travers leur confiance en Dieu et leur endurance face à l’adversité, dans la perspective d’un avenir où ils entrevoient l’approche du bonheur, du développement humain intégral. L’expérience itinérante du peuple d’Israël se renouvelle en eux : « Dieu, quand tu sortis en avant de ton peuple, quand tu marchas dans le désert, la terre trembla ; les cieux mêmes fondirent + devant la face de Dieu, le Dieu du Sinaï, devant la face de Dieu, le Dieu d’Israël. Tu répandais sur ton héritage une pluie généreuse, et quand il défaillait, toi, tu le soutenais. Sur les lieux où campait ton troupeau, tu le soutenais, Dieu qui es bon pour le pauvre » (Ps 68, 8-11).

Dans un monde assombri par les guerres et les injustices, même là où tout semble perdu, les migrants et les réfugiés se dressent comme des messagers d’espérance. Leur courage et leur ténacité sont le témoignage héroïque d’une foi qui voit au-delà de ce que nos yeux peuvent voir, et leur donne la force de défier la mort sur les différentes routes migratoires contemporaines. On peut également trouver ici une analogie évidente avec l’expérience du peuple d’Israël errant dans le désert, qui affronte tous les dangers avec confiance dans la protection du Seigneur : « C’est lui qui te sauve des filets du chasseur et de la peste maléfique ; il te couvre et te protège. Tu trouves sous son aile un refuge : sa fidélité est une armure, un bouclier. Tu ne craindras ni les terreurs de la nuit, ni la flèche qui vole au grand jour, ni la peste qui rôde dans le noir, ni le fléau qui frappe à midi » (Ps 90, 3-6).

Les migrants et les réfugiés rappellent à l’Église sa dimension pèlerine, perpétuellement tendue vers l’atteinte de la patrie définitive, soutenue par une espérance qui est une vertu théologale. Chaque fois que l’Église cède à la tentation de la “sédentarisation” et cesse d’être civitas peregrina – peuple de Dieu en pèlerinage vers la patrie céleste (cf. Augustin, De civitate Dei, Livre XIV-XVI), elle cesse d’être “dans le monde” et devient “du monde” (cf. Jn 15, 19). Cette tentation était déjà présente dans les premières communautés chrétiennes, à tel point que l’apôtre Paul doit rappeler à l’Église de Philippes que « nous avons notre citoyenneté dans les cieux, d’où nous attendons comme sauveur le Seigneur Jésus Christ, lui qui transformera nos pauvres corps à l’image de son corps glorieux, avec la puissance active qui le rend même capable de tout mettre sous son pouvoir. » (Ph 3, 20-21).

De manière particulière, les migrants et les réfugiés catholiques peuvent devenir aujourd’hui des missionnaires d’espérance dans les pays qui les accueillent, en poursuivant de nouveaux chemins de foi là où le message de Jésus-Christ n’est pas encore arrivé ou en engageant des dialogues interreligieux faits de quotidienneté et de recherche de valeurs communes. En effet, par leur enthousiasme spirituel et leur vitalité, ils peuvent contribuer à revitaliser des communautés ecclésiales figées et alourdies, où le désert spirituel avance de manière menaçante. Leur présence doit alors être reconnue et appréciée comme une véritable bénédiction divine, une occasion de s’ouvrir à la grâce de Dieu qui donne une nouvelle énergie et une nouvelle espérance à son Église : « N’oubliez pas l’hospitalité, car c’est grâce à elle que quelques-uns, à leur insu, hébergèrent des anges » (He 13, 2).

Le premier élément de l’évangélisation, comme le soulignait saint Paul VI, est généralement le témoignage : « tous les chrétiens sont appelés et peuvent être, sous cet aspect, de véritables évangélisateurs. Nous pensons spécialement à la responsabilité qui revient aux migrants dans les pays qui les reçoivent » (Evangelii nuntiandi, n. 21). Il s’agit d’une véritable missio migrantium – mission réalisée par les migrants – pour laquelle une préparation adéquate et un soutien continu, fruits d’une coopération inter-ecclésiale efficace, doivent être assurés.

D’autre part, les communautés qui les accueillent peuvent également être un témoignage vivant d’espérance. Espérance comprise comme promesse d’un présent et d’un avenir où la dignité de tous en tant qu’enfants de Dieu est reconnue. Ainsi, les migrants et les réfugiés sont reconnus comme des frères et sœurs, membres d’une famille où ils peuvent exprimer leurs talents et participer pleinement à la vie communautaire.

À l’occasion de cette journée jubilaire où l’Église prie pour tous les migrants et les réfugiés, je voudrais confier tous ceux qui sont en chemin, ainsi que ceux qui se dépensent pour les accompagner, à la protection maternelle de la Vierge Marie, réconfort des migrants, afin qu’elle garde vivante dans leur cœur l’espérance et les soutienne dans leur engagement à construire un monde qui ressemble toujours plus au Royaume de Dieu, la véritable patrie qui nous attend à la fin de notre voyage.

LÉON PP. XIV

Copyright © Dicastero per la Comunicazione – Libreria Editrice Vaticana

 

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