CHEMIN DE CROIX PRÉSIDÉ PAR LE PAPE FRANÇOIS
COLISÉE – ROME, 15 AVRIL 2022
Méditations et prières préparées par :
I un couple de jeunes mariés
II une famille en mission
III époux âgés sans enfants
IV une famille nombreuse
V une famille avec un enfant handicapé
VI une famille qui gère une maison de famille
VII une famille avec un parent malade
VIII un couple de grands-parents
IX une famille adoptive
X une veuve avec des enfants
XI une famille avec un enfant consacré
XII une famille qui a perdu une fille
XIII une famille ukrainienne et un famille russe
XIV une famille de migrants
CHEMIN DE CROIX
Au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit.
R/. Amen.
Seigneur Jésus, en ce jour consacré par ta Passion nous élevons nos voix vers Toi confiant dans ton écoute.
Nous te bénissons car tu es pour nous la source de la vie, tu te charges de nos souffrances, par ta sainte croix, tu as racheté le monde.
Nous croyons que par tes blessures nous avons été guéris, que tu ne nous laisses pas seuls à l’heure de l’épreuve, que ton Évangile est la vraie sagesse.
Nous reconnaissons ton corps martyrisé dans tant de nos frères et sœurs, la violence que tu as subie dans ceux qui sont persécutés, ton abandon dans le tourment de ceux qui sont tués.
Toi qui as voulu vivre dans une famille, regarde avec bienveillance nos familles : exauce leurs prières, écoute leurs plaintes, bénis leurs résolutions, accompagne leur marche, soutiens leurs incertitudes, console leurs amours blessées, insuffle leur le courage d’aimer, accorde leur la grâce du pardon, rends-les ouvertes aux besoins des autres.
Seigneur Jésus, Toi qui es le Crucifié Ressuscité, fais que nous ne nous laissions pas voler l’espérance d’une nouvelle humanité, de cieux nouveaux et d’une terre nouvelle, où tu essuieras toutes larmes de nos yeux. Et il n’y aura plus ni plaintes ni gémissements, car les choses anciennes seront passées, et nous serons une grande famille dans ta maison d’amour et de paix.
Ière station
Jésus à l’agonie au Jardin des Oliviers
V/. Adoramus te, Christe, et benedicimus tibi. (Nous t’adorons ô Christ et nous te bénissons)
R/. Quia per sanctam crucem tuam redemisti mundum (parce que tu as racheté le monde par ta sainte croix)
Ils parviennent à un domaine appelé Gethsémani. Jésus dit à ses disciples : « Asseyez-vous ici, pendant que je vais prier ». Puis il emmène avec lui Pierre, Jacques et Jean, et commence à ressentir frayeur et angoisse. Il leur dit : « mon âme est triste à mourir. Restez ici et veillez ». Allant un peu plus loin, il tombait à terre et priait pour que, s’il était possible, cette heure s’éloigne de lui. Il disait : «Abba… Père, tout est possible pour toi. Éloigne de moi cette coupe. Cependant, non pas ce que moi, je veux, mais ce que toi, tu veux ! » (Mc 14, 32-36)
Nous voici mariés depuis seulement deux ans. Notre mariage n’a pas encore été éprouvé par trop de tempêtes. Il y a eu la pandémie qui a un peu compliqué les choses, mais nous sommes heureux. Nous avons l’impression d’être dans une longue lune de miel, malgré les disputes quotidiennes, malgré nos différences. Pourtant, nous avons souvent peur ; quand nous pensons aux couples d’amis plus âgés qui n’ont pas réussi, lorsque nous lisons dans les journaux le nombre croissant de séparations. Quand on nous dit que nous allons sûrement nous séparer, parce qu’ainsi va le monde ; c’est une question de statistiques. Quand nous nous sentons seuls parce qu’on ne nous comprend pas. Quand on a du mal à joindre les deux bouts. Quand nous nous retrouvons, étrangers, sous le même toit. Lorsque nous nous réveillons la nuit et que nous ressentons dans notre cœur le poids et l’angoisse de notre « orphelinat » ; parce que nous oublions que nous sommes des enfants ; parce que nous croyons que notre mariage et notre famille ne dépendent que de nous, de nos propres forces. Nous sommes en train de nous rendre compte que le mariage n’est pas seulement une aventure romantique, mais que c’est aussi Gethsémani, c’est aussi l’angoisse avant de briser ton corps pour l’autre.
Seigneur Jésus, Toi qui as souffert peur et angoisse.
R/. Dona nobis pacem. (Donne-nous la paix)
Toi qui as prié à l’heure de l’épreuve.
R/. Dona nobis pacem. (Donne-nous la paix)
Toi qui nous appelles à veiller et à prier avec toi.
R/. Dona nobis pacem. (Donne-nous la paix)
Tous : Notre Père…
Seigneur Jésus,
Toi qui parmi les oliviers paisibles
as accepté, en priant,
de souffrir pour nous jusqu’à la mort, et la mort sur une croix,
écoute nos supplications pour les jeunes époux :
aide-les à faire face aux difficultés en union avec toi,
et donne à chacun d’entre nous de rester avec toi à l’heure de l’épreuve.
Toi qui vis et règnes pour les siècles des siècles.
R/. Amen.
IIème station
Jésus trahi par Judas et abandonné par ses disciples
V/. Adoramus te, Christe, et benedicimus tibi. (Nous t’adorons ô Christ et nous te bénissons)
R/. Quia per sanctam crucem tuam redemisti mundum. (parce que tu as racheté le monde par ta sainte croix)
Il parlait encore, quand parut une foule de gens. Celui qui s’appelait Judas, l’un des Douze, marchait à leur tête. Il s’approcha de Jésus pour lui donner un baiser. Jésus lui dit : « Judas, c’est par un baiser que tu livres le Fils de l’homme ? » Voyant ce qui allait se passer, ceux qui entouraient Jésus lui dirent : « Seigneur, et si nous frappions avec l’épée ? » L’un d’eux frappa le serviteur du grand prêtre et lui trancha l’oreille droite. (Lc 22, 47-50) Alors Jésus lui dit : « Rentre ton épée, car tous ceux qui prennent l’épée périront par l’épée. Alors tous les disciples l’abandonnèrent et s’enfuirent. (Mt 26, 52.56)
Nous sommes partis en mission, Seigneur, il y a presque dix ans, parce que notre bonheur ne nous suffisait pas. Nous voulions donner notre vie pour que d’autres aussi puissent connaître la même joie. Nous voulions montrer l’amour du Christ même à ceux qui ne le connaissent pas. Peu importe où. La vie communautaire et les activités quotidiennes nous aident à éduquer nos enfants avec une vision ouverte de la vie et du monde. Mais ce n’est pas facile : nous ne cachons pas l’angoisse et la peur qu’il y a à mener une vie familiale précaire, loin de notre pays. À tout cela s’ajoute la terreur de la guerre, si dramatiquement d’actualité ces derniers mois. Il n’est pas facile de vivre uniquement de foi et de charité car, souvent, nous ne parvenons pas à nous confier pleinement à la Providence. Et, parfois, face à la douleur et à la souffrance d’une mère qui meurt en enfantant et, qui plus est, sous les bombes, ou bien d’une famille détruite par la guerre ou la famine et les mauvais traitements, la tentation vient de répondre par l’épée, de fuir, de t’abandonner, de tout laisser en pensant que cela ne vaut pas la peine… Mais ce serait trahir nos frères les plus pauvres qui sont ta chair dans le monde et qui nous rappellent que tu es le Vivant.
Seigneur Jésus, Toi qui as été trahi par un baiser.
R/. Dona nobis pacem.
Toi qui as été abandonné par tes disciples.
R/. Dona nobis pacem.
Toi qui as connu la solitude et l’humiliation.
R/. Dona nobis pacem.
Tous : Notre Père…
Seigneur Jésus,
Toi qui as accueilli avec amour
le baiser traître de Judas,
écoute nos supplications :
donne aux familles en mission
le courage de témoigner de ton Évangile,
et accorde à chacun le courage de répondre au mal par le bien,
pour être des bâtisseurs de paix et de réconciliation.
Toi qui vis et règnes pour les siècles des siècles.
R/. Amen.
IIIème station
Jésus est condamné par le Sanhédrin
V/. Adoramus te, Christe, et benedicimus tibi. (Nous t’adorons ô Christ et nous te bénissons)
R/. Quia per sanctam crucem tuam redemisti mundum. (parce que tu as racheté le monde par ta sainte croix)
Les grands prêtres et tout le Conseil suprême cherchaient un témoignage contre Jésus pour le faire mettre à mort, et ils n’en trouvaient pas. Le grand prêtre l’interrogea de nouveau : « Es-tu le Christ, le Fils du Dieu béni ? » Jésus lui dit : « Je le suis ». Tous prononcèrent qu’il méritait la mort. (Mc 14, 55.61 – 62.64)
Nous avons été fiancés quelques mois, puis la vie nous a séparés pour une longue période, nous faisant expérimenter la chaleur déchirante du cœur qui bat à distance. Et lorsque nous nous sommes retrouvés, nous nous sommes mariés immédiatement, avec la hâte de ceux qui ont déjà tant attendu et tant craint. Nous avons quitté nos foyers d’origine pour créer le nôtre. Nous avons entrepris notre chemin d’époux, pleins de projets, et aussi des illusions de la jeunesse. Puis la vie nous a découverts plus fragiles et, en même temps, elle nous a dépouillés de nos attentes, nous faisant cheminer sur une route bien souvent ardue, au bout de laquelle nous nous sommes retrouvés face à l’impossibilité de devenir parents ; en faisant souvent l’expérience douloureuse de jugements sur notre stérilité. « Comment se fait-il que vous n’ayez pas d’enfants ? », nous a-t-on demandé mille fois, comme pour laisser entendre que notre mariage et notre amour n’étaient pas suffisants pour former une famille. Combien de regards peu compréhensifs avons-nous du digérer. Mais nous continuons à marcher chaque jour, en nous tenant par la main, en prenant soin d’une communauté de frères et d’amis qui, dans la solitude et la tendresse, est devenue au fil du temps une maison et une famille.
Seigneur Jésus, Toi qui as subi une condamnation injuste.
R/. Dona nobis pacem.
Toi qui as enduré les insinuations et les accusations.
R/. Dona nobis pacem.
Toi, innocent, qui as été persécuté.
R/. Dona nobis pacem.
Tous : Notre Père…
Seigneur Jésus,
Toi qui as été injustement condamné,
écoute notre prière :
accorde aux conjoints sans enfants
de marcher main dans la main
en vivant pleinement le Sacrement de l’amour conjugal,
et à chacun de vivre les adversités avec une douce fermeté.
Toi qui vis et règnes pour les siècles des siècles.
R/. Amen.
IVème station
Jésus est renié par Pierre
V/. Adoramus te, Christe, et benedicimus tibi. (Nous t’adorons ô Christ et nous te bénissons)
R/. Quia per sanctam crucem tuam redemisti mundum. (parce que tu as racheté le monde par ta sainte croix)
Comme Pierre était en bas, dans la cour, arrive une des jeunes servantes du grand prêtre. Elle voit Pierre qui se chauffe, le dévisage et lui dit : « Toi aussi, tu étais avec Jésus de Nazareth ! » Pierre le nia : « Je ne sais pas, je ne comprends pas de quoi tu parles ». Et aussitôt, pour la seconde fois, un coq chanta. Alors Pierre se rappela cette parole que Jésus lui avait dite : « Avant que le coq chante deux fois, tu m’auras renié trois fois ». Et il fondit en larmes. (Mc 14, 66-68.72)
Lorsque nous nous sommes mariés, nous pensions qu’on ne pourrait pas avoir d’enfants. Puis, pendant notre voyage de noce, le premier est arrivé et a changé nos vies. Nous avions des projets moins pressés : nous épanouir dans notre travail, voyager, essayer de vivre au moins pour un temps comme d’éternels fiancés… Et puis, alors que nous étions encore incrédules devant la beauté de ce cadeau, notre deuxième enfant est arrivé : une fille. Et ainsi, en y repensant aujourd’hui, les autres sont arrivés aussi, presque sans même que l’on s’en aperçoive. Et nos rêves ? Façonnés par les événements. Notre épanouissement professionnel ? Modifié par les événements de la vie qui font irruption. Et puis la peur de tout renier un jour, comme Pierre ; l’angoisse et la tentation du regret face à la énième dépense imprévue ; l’inquiétude des tensions avec nos enfants adolescents. Les anciens désirs ont fait place à notre famille. Ce n’est pas facile, bien sûr, mais c’est infiniment plus beau ainsi. Et malgré les pensées et la densité de nos journées, qui semblent ne jamais suffire, nous ne reviendrions jamais en arrière.
Seigneur Jésus, Toi qui as séché les larmes de Pierre.
R/. Dona nobis pacem.
Toi qui pardonnes à ceux qui reconnaissent avoir péché.
R/. Dona nobis pacem.
Toi qui comprends nos incertitudes.
R/. Dona nobis pacem.
Tous : Notre Père…
Seigneur Jésus,
Toi qui ouvres les bras à ceux qui demandent pardon,
écoute notre supplication :
accorde aux familles nombreuses
de surmonter chaque difficulté avec joie,
et à chacun de toujours se relever après une chute.
Toi qui vis et règnes pour les siècles des siècles.
R/. Amen.
Vème station
Jésus est jugé par Pilate
V/. Adoramus te, Christe, et benedicimus tibi. (Nous t’adorons ô Christ et nous te bénissons)
R/. Quia per sanctam crucem tuam redemisti mundum. (parce que tu as racheté le monde par ta sainte croix)
Comme Pilate reprenait : « Que voulez-vous donc que je fasse de celui que vous appelez le roi des Juifs ? », de nouveau ils crièrent : « Crucifie-le ! » Pilate leur disait : « Qu’a-t-il donc fait de mal ? » Mais ils crièrent encore plus fort : « Crucifie-le ! » Pilate, voulant contenter la foule, relâcha Barabbas et, après avoir fait flageller Jésus, il le livra pour qu’il soit crucifié. (Mc 15, 12-15)
Notre fils avait déjà été jugé avant de venir au monde. Nous avions rencontré des médecins qui se sont occupés de sa vie avant sa naissance, et des médecins qui nous ont fait clairement comprendre qu’il valait mieux ne pas lui donner naissance. Et lorsque nous avons choisi la vie, nous avons également fait l’objet d’un jugement : « Il sera un fardeau pour vous et pour la société ». « Crucifiez-le. » Pourtant, il n’avait rien fait de mal. Combien de fois le jugement du monde est hâtif et superficiel et nous fait mal, même par un simple regard. Nous portons sur nous la honte d’une diversité qui souvent fait pitié mais n’est pas habitée. Le handicap n’est ni une gloire ni une étiquette, mais plutôt le vêtement d’une âme qui préfère souvent se taire face aux jugements injustes, non par honte mais par pitié envers ceux qui jugent. Nous ne sommes pas à l’abri de la croix du doute ou de la tentation de nous demander comment ça aurait été si les choses avaient été différentes. Mais, en réalité, le handicap est une condition, pas une caractéristique, et l’âme, grâce à Dieu, ne connaît pas de barrières.
Seigneur Jésus, Toi qui as regardé avec amour tes adversaires.
R/. Dona nobis pacem.
Toi qui n’as pas craint ceux qui tuent le corps, mais non la vie.
R/. Dona nobis pacem.
Toi qui juges avec un amour miséricordieux.
R/. Dona nobis pacem.
Tous : Notre Père…
Seigneur Jésus,
Toi qui as été jugé par les logiques du monde,
écoute nos supplications
pour les familles dont les enfants souffrent :
soulage-les dans leur fatigue,
et donne à chacun de choisir, de toujours protéger et d’aimer la vie malgré tout.
Toi qui vis et règnes pour les siècles des siècles.
R/. Amen.
VIème station
Jésus est flagellé et couronné d’épines.
V/. Adoramus te, Christe, et benedicimus tibi. (Nous t’adorons ô Christ et nous te bénissons)
R/. Quia per sanctam crucem tuam redemisti mundum. (parce que tu as racheté le monde par ta sainte croix)
Pilate, voulant contenter la foule, relâcha Barabbas et, après avoir fait flageller Jésus, il le livra pour qu’il soit crucifié. Ils le revêtent de pourpre, et lui posent sur la tête une couronne d’épines qu’ils ont tressée. Puis ils se mirent à lui faire des salutations, en disant : « Salut, roi des Juifs ! » Ils lui frappaient la tête avec un roseau, crachaient sur lui, et s’agenouillaient pour lui rendre hommage. (Mc 15, 15.17-19)
Notre maison est grande, non seulement en termes d’espace, mais surtout pour la richesse humaine qui s’y vit. Depuis le début de notre mariage, nous n’avons jamais été seulement deux. Notre vocation à l’accueil de la douleur a été, et est encore après 42 ans de mariage, trois enfants, neuf petits-enfants et cinq enfants adoptés qui ne sont pas autonomes et ont de graves difficultés psychiques ; tout le contraire de triste. Nous ne méritons pas une telle bénédiction dans la vie. Pour ceux qui croient qu’il n’est pas humain de laisser seuls ceux qui souffrent, l’Esprit Saint met au plus profond d’eux la volonté d’agir et de ne pas rester indifférents. La douleur nous a changés. La douleur ramène à l’essentiel, elle remet les priorités de la vie à leur place et restaure la simplicité de la dignité humaine, en tant que telle. Sur la voie douloureuse de la vie de tant de personnes flagellées et crucifiées, à côté d’elles, sous le poids de leur croix, nous avons découvert que le vrai roi est celui qui se donne et se donne en nourriture, corps et âme.
Seigneur Jésus, Toi qui as été flagellé dans ta chair et dans ton esprit.
R/. Dona nobis pacem.
Toi, innocent, qui as connu la douleur.
R/. Dona nobis pacem.
Toi qui as été humilié, insulté, couronné d’épines.
R/. Dona nobis pacem.
Tous : Notre Père…
Seigneur Jésus,
Toi qui as souffert de la douleur et du mépris,
écoute notre supplication :
accorde à nos familles
d’apprendre à accueillir ceux qui sont blessés,
et à chacun de prendre en charge et de prendre soin des souffrances des autres.
Toi qui vis et règnes pour les siècles des siècles.
R/. Amen.
VIIème station
Jésus est chargé de la Croix
V/. Adoramus te, Christe, et benedicimus tibi. (Nous t’adorons ô Christ et nous te bénissons)
R/. Quia per sanctam crucem tuam redemisti mundum. (parce que tu as racheté le monde par ta sainte croix)
Quand ils se furent bien moqués de lui, ils lui enlevèrent le manteau de pourpre, et lui remirent ses vêtements. Puis, de là, ils l’emmènent pour le crucifier. (Mc 15, 20)
Un matin comme tant d’autres, ma femme s’est évanouie deux fois. La course à l’hôpital et la découverte d’une maladie qui infiltrait déjà son venin dans sa tête. L’opération, la rééducation, les traitements… ; et aujourd’hui un quotidien complètement nouveau pour nous tous. Le Seigneur nous parle à travers des événements que nous ne comprenons pas toujours, et il nous conduit par la main pour faire grandir la meilleure partie de nous-mêmes. Elle avait un rôle, une position, un « statut » ; et elle s’est retrouvée complètement différente, nue, sans défense, crucifiée. Et moi avec elle. Par cette maladie, sur cette croix, nous sommes devenus le pilier sur lequel les enfants savent qu’ils peuvent s’appuyer. Il n’en était pas ainsi auparavant. Je pourrais presque dire qu’aujourd’hui, avec ses yeux pénétrants dans leur douleur glabre, elle est pleinement mère et épouse. Sans fioritures, dans l’essentiel d’une vie plus difficile et nouvelle. Le fait d’être bloqués, cloués par un souci martelant m’oblige surtout, moi qui étais si obstinément orgueilleux, à découvrir dans les autres familles le merveilleux cadeau qu’elles sont : ceux qui essaient de te faire rire, ceux qui t’aident à la cuisine, ceux qui emmènent tes enfants au catéchisme, ceux qui t’écoutent, ceux qui te comprennent d’un regard, ceux qui, malgré des situations tout aussi compliquées, sinon plus, s’inquiètent constamment pour toi.
Seigneur Jésus, Toi qui n’as pas cherché les honneurs mondains.
R/. Dona nobis pacem.
Toi qui as pris sur toi les fardeaux de tous les mortels.
R/. Dona nobis pacem.
Toi qui as embrassé le bois lourd de la croix.
R/. Dona nobis pacem.
Tous : Notre Père…
Seigneur Jésus,
Toi qui as transformé la potence de la mort
en une source inépuisable de vie
écoute nos invocations :
accorde aux enfants de prendre soin de leurs parents
en veillant sur eux avec gratitude,
et à chacun d’apprendre de toi la joie d’aimer
et de se donner généreusement.
Toi qui vis et règnes pour les siècles des siècles.
R/. Amen.
VIIIème station
Jésus est aidé par le Cyrénéen pour porter la Croix.
V/. Adoramus te, Christe, et benedicimus tibi. (Nous t’adorons ô Christ et nous te bénissons)
R/. Quia per sanctam crucem tuam redemisti mundum. (parce que tu as racheté le monde par ta sainte croix)
Comme les soldats l’emmenaient, ils prirent un certain Simon de Cyrène, qui revenait des champs, et ils le chargèrent de la croix pour qu’il la porte derrière Jésus. (Lc 23, 26)
Nous avons pris notre retraite il y a deux ans, et juste au moment où nous commencions à rêver sur la façon de dépenser les énergies retrouvées, nous avons appris que notre gendre avait été licencié. Pendant la pandémie, nous avons assisté, impuissants, à la crise du mariage de notre fille aînée. Les petits-enfants ont commencé à envahir notre maison de vitalité et de désordre, plus seulement le dimanche, et surtout, comme cela n’était pas arrivé depuis que nos enfants étaient petits. Nous avons installé un siège auto dans la voiture et acheté un tableau sur lequel nous avons noté les occupations de nos cinq petits-enfants pour ne pas risquer d’oublier quelque chose. Nos muscles ne sont plus ce qu’ils étaient, mais la richesse d’expériences nous rend plus dociles à la vie que lorsque nous avions la force de courir. La croix de la précarité familiale et professionnelle nous inquiète. Et aujourd’hui, alors que nous serions naturellement enclins à prêter attention à nos fatigues et à l’indéniable peur de la mort, nous voici chargés d’une croix inattendue, placée sur nos épaules malgré nous. Le pas se fait souvent lent, le soir, après avoir souri, nous nous retrouvons à pleurer de compassion. Mais être de « l’oxygène » pour les familles de nos enfants est un cadeau qui nous ramène aux émotions que nous avions ressenties lorsqu’ils étaient petits. On ne finit jamais d’être maman et papa.
Seigneur Jésus, Toi qui as partagé le fardeau de la croix.
R/. Dona nobis pacem.
Toi qui nous soumets au jugement de ta croix.
R/. Dona nobis pacem.
Toi qui nous demande de te suivre en portant notre croix.
R/. Dona nobis pacem.
Tous : Notre Père…
Seigneur Jésus,
Toi qui nous appelles à porter les fardeaux les uns des autres,
écoute nos supplications :
accorde à nos familles
de savoir partager les joies et les fatigues,
et à chacun de grandir dans une fraternité active.
Toi qui vis et règnes pour les siècles des siècles.
R/. Amen.
IXème station
Jésus rencontre les femmes de Jérusalem
V/. Adoramus te, Christe, et benedicimus tibi. (Nous t’adorons ô Christ et nous te bénissons)
R/. Quia per sanctam crucem tuam redemisti mundum. (parce que tu as racheté le monde par ta sainte croix)
Le peuple, en grande foule, le suivait, ainsi que des femmes qui se frappaient la poitrine et se lamentaient sur Jésus. Il se retourna et leur dit : « Filles de Jérusalem, ne pleurez pas sur moi ! Pleurez plutôt sur vous-mêmes et sur vos enfants ! » (Lc 23, 27-28)
Maintenant, nous sommes quatre. Pendant de nombreuses années, nous avons été deux, et nous avons affronté la croix de la solitude et la gestion d’une parentalité différente de celle que nous avions toujours imaginée. L’adoption est l’histoire d’une vie marquée par l’abandon, et qui est guérie par un accueil. Mais l’abandon est une blessure qui saigne toujours. Et l’adoption est une croix que parents et enfants se chargent sur leurs épaules, en la supportant, en essayant d’atténuer la souffrance, mais aussi en l’aimant comme faisant partie de l’histoire de leur enfant. Mais il est douloureux de voir un enfant souffrir de son passé. Cela fait mal d’essayer de l’aimer sans réussir à atténuer tant soi peu sa souffrance. Nous nous sommes adoptés réciproquement. Et il n’y a pas un jour où nous ne nous réveillons en pensant que cela en valait la peine, que tous ces efforts ne sont pas vains, que cette croix, bien que douloureuse, cache un secret de bonheur.
Seigneur Jésus, Toi qui as recueilli le regard des femmes de Jérusalem.
R/. Dona nobis pacem.
Toi qui as essuyé les larmes et consolé les cœurs.
R/. Dona nobis pacem.
Toi qui as parcouru le chemin de la croix avec courage.
R/. Dona nobis pacem.
Tous : Notre Père…
Seigneur Jésus,
Toi qui es allé à la rencontre de la croix
avec des yeux ouverts et un cœur prêt,
écoute nos supplications :
accorde aux parents et à leurs enfants adoptifs
de grandir ensemble comme familles accueillantes
et à chacun de coopérer à la joie de notre prochain.
Toi qui vis et règnes pour les siècles des siècles.
R/. Amen.
Xème station
Jésus est crucifié
V/. Adoramus te, Christe, et benedicimus tibi. (Nous t’adorons ô Christ et nous te bénissons)
R/. Quia per sanctam crucem tuam redemisti mundum. (parce que tu as racheté le monde par ta sainte croix)
Lorsqu’ils furent arrivés au lieu dit : Le Crâne (ou Calvaire), ils y crucifièrent Jésus, avec les deux malfaiteurs, l’un à droite et l’autre à gauche. Jésus disait :
« Père, pardonne-leur : ils ne savent pas ce qu’ils font. » Puis, ils partagèrent ses vêtements et les tirèrent au sort. Le peuple restait là à observer. Les chefs tournaient Jésus en dérision et disaient : « Il en a sauvé d’autres : qu’il se sauve lui-même, s’il est le Messie de Dieu, l’Élu ! » Les soldats aussi se moquaient de lui ; s’approchant, ils lui présentaient de la boisson vinaigrée, en disant : « Si tu es le roi des Juifs, sauve-toi toi-même ! » Il y avait aussi une inscription au-dessus de lui : « Celui-ci est le roi des Juifs ». (Lc 23, 33-38)
Nous sommes une mère et deux enfants. Depuis plus de sept ans, nous sommes une chaise à trois pieds au lieu de quatre : belle et précieuse, même si un peu instable. Sous la croix, chaque famille, même la plus bancale, la plus douloureuse, la plus étrange, la plus mutilée, trouve son sens le plus profond. La nôtre aussi. Nous avons fait l’expérience, non sans larmes et sans douleur, que Jésus, dans cette étreinte des poutres clouées, nous regarde et ne nous laisse jamais seuls.
Il ne nous confie pas seulement l’amour générique d’un créateur à l’égard de ses créatures, mais il nous donne aussi à un ami, à une mère, à un fils, à un frère. À une Église qui, malgré tous ses défauts, nous tend la main et, aussi impossible que cela puisse paraître, porte parfois le fardeau à notre place, nous permettant ainsi de reprendre notre souffle de temps en temps. L’amour se multiplie parce qu’il est gratuit, même lorsque je suis tentée de comprendre pourquoi, s’ »il a sauvé les autres… s’il est le Christ de Dieu, son élu », il n’a pas sauvé aussi mon mari. Mais la blessure de l’Un sur la croix est à la fois héritage, lien et relation. L’Amour est rendu tangible, car dans notre abîme et nos difficultés, nous ne sommes pas abandonnés.
Seigneur Jésus, Toi qui as tendu les bras sur la croix.
R/. Dona nobis pacem.
Toi qui, pour nous sauver, ne t’es pas sauvé toi-même.
R/. Dona nobis pacem.
Toi qui as pardonné à ceux qui t’ont tué.
R/. Dona nobis pacem.
Tous : Notre Père…
Seigneur Jésus,
Toi qui, les bras ouverts sur la croix,
étreins ceux qui sont seuls et abandonnés,
écoute notre prière :
accorde aux familles touchées par la perte d’un parent
de te sentir présent dans leur douleur,
et à chacun de savoir pleurer avec ceux qui pleurent.
Toi qui vis et règnes pour les siècles des siècles.
R/. Amen.
XIème station
Jésus promet le Royaume au bon larron
V/. Adoramus te, Christe, et benedicimus tibi. (Nous t’adorons ô Christ et nous te bénissons)
R/. Quia per sanctam crucem tuam redemisti mundum. (parce que tu as racheté le monde par ta sainte croix)
Lorsqu’ils furent arrivés au lieudit : Le Crâne (ou Calvaire), ils y crucifièrent Jésus, avec les deux malfaiteurs, l’un à droite et l’autre à gauche.L’un des malfaiteurs lui disait : « Jésus, souviens-toi de moi quand tu viendras dans ton Royaume. » Jésus lui déclara : « Amen, je te le dis : aujourd’hui, avec moi, tu seras dans le Paradis ». (Lc 23, 33.42-43)
Ce n’est que maintenant que nous sourions en nous rappelant toutes les attentes que nous avions placées dans notre fils. Nous l’avions élevé pour qu’il soit heureux, pour qu’il s’épanouisse. Pour qu’il suive les traces de son grand-père. Oui, peut-être aurions-nous voulu une vie différente pour lui. Une famille, un travail, des enfants, des petits-enfants. Bref, la « normalité ». Nous avions déjà vécu sa vie à sa place. Et au contraire, tu es arrivé, et tu as tout bouleversé. Tu as détruit nos rêves pour quelque chose d’encore plus grand. Tu as fait en sorte que sa vie ne suive pas la logique du « on a toujours fait comme çà » et tu l’as appelé à Toi. Mais comment ? Pourquoi lui précisément ? Pourquoi justement notre fils ? Au début, nous ne l’avons pas bien pris. Nous nous sommes opposés à lui. Nous l’avons abandonné. Nous pensions que notre froideur l’aurait fait revenir sur ses pas. Nous avons essayé d’introduire dans sa tête le doute, l’idée qu’il se trompait complètement. Comme deux malfaiteurs. Mais nous avons compris qu’on ne peut pas lutter contre Toi. Nous sommes un vase, et tu es la mer. Nous sommes une étincelle et tu es le feu. Et donc, comme le bon larron, nous Te demandons de Te souvenir de nous lorsque tu entreras dans ton Royaume.
Seigneur Jésus, Toi qui es mort comme un malfaiteur.
R/. Dona nobis pacem.
Toi qui as transformé la croix en trône royal.
R/. Dona nobis pacem.
Toi qui nous as ouvert les portes du paradis perdu.
R/. Dona nobis pacem.
Tous : Notre Père…
Seigneur Jésus,
Toi qui nous as révélé les mystères de ton Royaume
où le plus grand est celui qui sert,
écoute nos supplications :
guide les parents au service de la vocation de leurs enfants,
et accorde à chacun d’être tes fidèles disciples.
Toi qui vis et règnes pour les siècles des siècles.
R/. Amen.
XIIème station
Jésus donne sa Mère au disciple bien-aimé
V/. Adoramus te, Christe, et benedicimus tibi. (Nous t’adorons ô Christ et nous te bénissons)
R/. Quia per sanctam crucem tuam redemisti mundum. (parce que tu as racheté le monde par ta sainte croix)
Or, près de la croix de Jésus se tenaient sa mère et la sœur de sa mère, Marie, femme de Cléophas, et Marie Madeleine. Jésus, voyant sa mère, et près d’elle le disciple qu’il aimait, dit à sa mère : « Femme, voici ton fils. » Puis il dit au disciple : « Voici ta mère. » Et à partir de cette heure-là, le disciple la prit chez lui. (Jn 19, 25-27)
Nous étions cinq dans la maison : moi, mon mari et nos trois enfants. Il y a cinq ans, la vie est devenue compliquée. Un diagnostic difficile à accepter, une maladie oncologique inscrite à chaque instant sur le visage de notre plus jeune fille. Une maladie qui, n’ayant jamais mis fin à son sourire, a rendu encore plus douloureuse la violence de l’injustice que nous vivions. En plus des « moqueries » dont la douleur semblait nous avoir déjà recouverts, après seulement six ans de mariage, mon mari nous a quittés par une mort soudaine, nous laissant sur le chemin d’une solitude déchirante, pendant laquelle, en deux ans, nous avons accompagné la plus petite de la maison à son dernier adieu. Cinq années se sont écoulées depuis le début de cette aventure que nous n’avons pas du tout comprise rationnellement, mais la certitude demeure que cette grande croix a été habitée par le Seigneur et l’est encore aujourd’hui. « Dieu n’appelle pas ceux qui sont capables, mais il rend capables ceux qu’il appelle » : c’est ce que nous a dit un jour une religieuse, et ces mots ont changé notre regard sur la vie ces dernières années. Le plus gros mensonge contre lequel nous nous sommes battus était celui de ne plus être une famille. Je ne connais pas d’autre moyen, pour répondre à mon cœur et à ma douleur dans ma chair, que de me confier au Seigneur qui vit avec moi ce bout de chemin terrestre. Si souvent, pendant les séances de chimiothérapie de ma fille, je me suis sentie comme Marie au pied de la croix ; et cette expérience me fait me sentir aujourd’hui – même si ce n’est que pour un petit moment – mère de mon Seigneur.
Seigneur Jésus, Toi qui as connu le tourment des affections.
R/. Dona nobis pacem.
Toi qui n’as pas donné le dernier mot à la mort.
R/. Dona nobis pacem.
Toi qui nous a donné ta propre mère pour testament.
R/. Dona nobis pacem.
Tous : Notre Père…
Seigneur Jésus,
Toi qui, avant d’expirer, as voulu
nous remettre ta Mère et de nous confier à ses soins,
écoute nos supplications :
accorde aux familles marquées par la mort d’un enfant
de préserver la grâce reçue avec le don de leur vie,
et à chacun de recueillir tes dernières volontés, dans la consolation de l’Esprit.
Toi qui vis et règnes pour les siècles des siècles.
R/. Amen.
XIIIème station
Jésus meurt sur la Croix
V/. Adoramus te, Christe, et benedicimus tibi. (Nous t’adorons ô Christ et nous te bénissons)
R/. Quia per sanctam crucem tuam redemisti mundum. (parce que tu as racheté le monde par ta sainte croix)
Et à la neuvième heure, Jésus cria d’une voix forte : « Éloï, Éloï, lema sabactani ? », ce qui se traduit : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? »L’un d’eux courut tremper une éponge dans une boisson vinaigrée, il la mit au bout d’un roseau, et il lui donnait à boire, en disant : « Attendez ! Nous verrons bien si Élie vient le descendre de là ! » Mais Jésus, poussant un grand cri, expira. (Mc 15, 34.36-37)
La mort tout autour. La vie qui semble perdre sa valeur. Tout change en quelques secondes. L’existence, les journées, l’insouciance de la neige d’hiver, aller chercher les enfants à l’école, le travail, les étreintes, les amitiés… tout. Tout perd soudainement de sa valeur. « Où es-tu, Seigneur ? Où te caches -tu? Nous voulons retrouver notre vie d’avant. Pourquoi tout cela ? Quelle faute avons-nous commise ? Pourquoi nous as-tu abandonnés ? Pourquoi as-tu abandonné nos peuples ? Pourquoi as-tu brisé nos familles de cette manière ? Pourquoi n’avons-nous plus la volonté de rêver et de vivre ? Pourquoi nos terres sont-elles devenues aussi ténébreuses que le Golgotha ? » Les larmes ont cessé. La colère a fait place à la résignation. Nous savons que tu nous aimes, Seigneur, mais nous ne ressentons pas cet amour, et cela nous rend fous. Nous nous réveillons le matin et, pendant quelques secondes, nous sommes heureux, mais nous nous rappelons tout de suite combien il sera difficile de nous réconcilier. Seigneur, où es-tu ? Parle dans le silence de la mort et de la division et apprends-nous à faire la paix, à être frères et sœurs, à reconstruire ce que les bombes auraient voulu détruire.
Seigneur Jésus, Toi qui nous a aimés jusqu’au bout.
R/. Dona nobis pacem.
Toi qui, en mourant, as détruit la mort.
R/. Dona nobis pacem.
Toi qui, en rendant le dernier souffle, nous as donné la vie.
R/. Dona nobis pacem.
Tous : Notre Père…
Toi Seigneur Jésus,
qui de ton côté transpercé
as apporté la réconciliation à chacun,
écoute nos humbles voix :
accorde aux familles détruites par les larmes et le sang
de croire au pouvoir du pardon,
et à chacun de construire la paix et l’harmonie.
Toi qui vis et règnes pour les siècles des siècles.
R/. Amen.
XIVème station
Le corps de Jésus est déposé dans le tombeau
V/. Adoramus te, Christe, et benedicimus tibi. (Nous t’adorons ô Christ et nous te bénissons)
R/. Quia per sanctam crucem tuam redemisti mundum. (parce que tu as racheté le monde par ta sainte croix)
Prenant le corps, Joseph l’enveloppa dans un linceul immaculé, et le déposa dans le tombeau neuf qu’il s’était fait creuser dans le roc. Puis il roula une grande pierre à l’entrée du tombeau et s’en alla. Or Marie Madeleine et l’autre Marie étaient là, assises en face du sépulcre. (Mt 27, 59-61)
Désormais, nous sommes là. Nous sommes morts à notre passé. Nous aurions aimé vivre sur notre propre terre, mais la guerre nous en a empêchés. Il est difficile pour une famille de devoir choisir entre ses rêves et la liberté. Entre désirs et survie. Nous sommes ici après des voyages au cours desquels nous avons vu mourir des femmes et des enfants, des amis, des frères et des sœurs. Nous sommes ici, survivants. Perçus comme un fardeau. Nous qui étions importants chez nous, nous sommes ici des numéros, des catégories, des simplifications. Pourtant, nous sommes bien plus que des immigrés. Nous sommes des personnes. Nous sommes venus ici pour nos enfants. Nous mourons chaque jour pour eux, pour qu’ils puissent essayer de vivre ici une vie normale, sans les bombes, sans le sang, sans les persécutions. Nous sommes catholiques, mais même cela semble parfois passer au second plan par rapport au fait que nous sommes des migrants. Si nous ne nous résignons pas, c’est parce que nous savons que la grande pierre devant la porte du tombeau sera un jour roulée.
Seigneur Jésus, enlevé du bois de la croix par des mains amies.
R/. Dona nobis pacem.
Toi qui as été enterré dans la tombe neuve de Joseph d’Arimathie.
R/. Dona nobis pacem.
Toi qui n’as pas connu la corruption de la tombe.
R/. Dona nobis pacem.
Tous : Notre Père…
Seigneur Jésus,
Toi qui es descendu aux enfers
pour libérer Adam et Eve et leurs enfants de leur ancienne captivité,
écoute nos supplications pour les familles de migrants :
arrache-les à l’isolement qui tue
et donne à chacun de te reconnaître en chaque personne
comme notre frère et notre sœur bien-aimés.
Toi qui vis et règnes pour les siècles des siècles.
R/. Amen.
Prière finale
Père miséricordieux,
Toi qui fais lever le soleil sur les bons et les méchants,
n’abandonne pas le travail de tes mains,
pour lequel tu n’as pas hésité
à livrer ton Fils unique,
né de la Vierge,
crucifié sous Ponce Pilate,
mort et enseveli au cœur de la terre,
ressuscité des morts le troisième jour,
apparu à Marie Madeleine,
à Pierre, aux autres Apôtres et aux disciples,
toujours vivant dans la sainte Église,
son Corps vivant dans le monde.
Garde allumée dans nos familles
la lampe de l’Évangile.
Qu’elle illumine les joies et les peines,
les efforts et les espérances :
que chaque foyer reflète le visage de l’Église,
dont la loi suprême est l’amour.
Par l’effusion de ton Esprit
aide-nous à nous dépouiller du vieil homme
corrompu par des passions trompeuses,
et à nous revêtir de l’homme nouveau
créé dans la justice et la sainteté.
Tiens-nous par la main comme un Père,
pour que nous ne nous éloignions pas de Toi.
Convertis nos cœurs rebelles à ton cœur,
pour que nous apprenions à suivre des projets de paix.
Conduis les adversaires à se serrer la main,
afin qu’ils puissent goûter le pardon mutuel.
Désarme la main levée du frère contre le frère,
pour que là où il y a de la haine, fleurisse la concorde.
Fais que nous ne nous comportions pas en ennemis de la croix du Christ,
afin de participer à la gloire de sa résurrection.
Lui qui vit et règne avec toi,
dans l’unité du Saint-Esprit,
pour les siècles des siècles.
Amen.