

Mercredi 22 janvier 2025, Salle Paul VI
(Le texte ci-dessous comprend des parties non lues qui sont également données comme prononcées).
Chers frères et sœurs, bonjour !
Nous reprenons aujourd’hui la catéchèse du cycle jubilaire sur Jésus Christ notre espérance.
Au début de son Évangile, Luc montre les effets du pouvoir transformateur de la Parole de Dieu, qui arrive non seulement dans les atriums du Temple, mais aussi dans la pauvre maison d’une jeune femme, Marie, qui est fiancée à Joseph et vit encore dans sa famille.
Après Jérusalem, le messager des grandes annonces divines, Gabriel, qui célèbre en son nom la puissance de Dieu, est envoyé dans un village jamais mentionné dans la Bible hébraïque : Nazareth. Il s’agit à l’époque d’un petit village de Galilée, à la périphérie d’Israël, une zone frontalière avec les païens et leur contamination.
C’est là que l’ange apporte un message d’une forme et d’un contenu totalement inédits, à tel point que le cœur de Marie est ébranlé, troublé. Au lieu de la salutation classique « la paix soit sur toi », Gabriel adresse à la Vierge l’invitation « réjouis-toi ! », « réjouis-toi ! », un appel cher à l’histoire sainte, parce que les prophètes l’utilisent pour annoncer la venue du Messie (cf. So 3,14 ; Gal 2,21-23 ; Za 9,9). C’est l’invitation à la joie que Dieu adresse à son peuple lorsque l’exil prend fin et que le Seigneur fait sentir sa présence vivante et agissante.
En outre, Dieu appelle Marie par un nom d’amour inconnu dans l’histoire biblique : kecharitoméne, qui signifie « remplie de la grâce divine ». Marie est pleine de la grâce divine. Ce nom dit que l’amour de Dieu a habité depuis longtemps et continue d’habiter le cœur de Marie. Il dit combien elle est « gracieuse » et surtout combien la grâce de Dieu a accompli en elle une ciselure intérieure, faisant d’elle son chef-d’œuvre : pleine de grâce.
Ce surnom affectueux, que Dieu donne uniquement à Marie, est immédiatement accompagné d’un réconfort : « Ne crains pas ! », « Ne crains pas ! », la présence du Seigneur nous donne toujours cette grâce de ne pas craindre et il dit donc à Marie : « Ne crains pas ! ». « Ne craignez pas », dit Dieu à Abraham, à Isaac, à Moïse, dans l’histoire : « Ne craignez pas ! » (cf. Gn 15,1 ; 26,24 ; Dt 31,8). Et il nous le dit aussi : « N’ayez pas peur, allez de l’avant, n’ayez pas peur ! N’ayez pas peur ! « Père, j’ai peur de cela – Et toi, que fais-tu quand… – Excusez-moi, Père, je vous dis la vérité : je vais chez la voyante… – Tu vas chez la voyante ? – Oh oui : je me fais lire les lignes de la main… ». S’il vous plaît, n’ayez pas peur ! N’ayez pas peur ! N’ayez pas peur ! C’est beau, ceci : « Je suis ton compagnon de voyage ». C’est ce que Dieu dit à Marie. Le « Tout-Puissant », le Dieu de « l’impossible » (Lc 1,37) est avec Marie, il est avec elle et à côté d’elle, il est son compagnon, son principal allié, le « Je-avec-toi » éternel (cf. Gn 28,15 ; Ex 3,12 ; Jg 6,12).
Gabriel annonce ensuite sa mission à la Vierge, en faisant résonner dans son cœur de nombreux passages bibliques qui se réfèrent à la royauté et à la messianité de l’enfant qui naîtra d’elle et qui se présentera comme l’accomplissement des anciennes prophéties. La Parole d’en-haut appelle Marie à être la mère du Messie, ce Messie davidique tant attendu. Elle est la mère du Messie. Il sera roi, non pas à la manière humaine et charnelle, mais à la manière divine et spirituelle. Son nom sera « Jésus », ce qui signifie « Dieu sauve » (cf. Lc 1,31 ; Mt 1,21), rappelant à tous que ce n’est pas l’homme qui sauve, mais Dieu seul. Jésus est celui qui accomplit les paroles du prophète Isaïe : « Ce n’était ni un messager ni un ange, mais sa face qui les sauva. Dans son amour et sa compassion, lui-même les racheta » (Is 63,9).
Cette maternité ébranle Marie dans ses fondements. Et étant une femme intelligente, c’est-à-dire capable de lire à l’intérieur des événements (cf. Lc 2,19.51), elle cherche à comprendre, à discerner ce qui se passe. Marie ne cherche pas à l’extérieur mais à l’intérieur, car, comme l’enseigne saint Augustin, « in interiore homine habitat veritas » (De vera religione 39,72). Et c’est là, au plus profond de son cœur ouvert et sensible, qu’elle entend l’invitation à faire confiance à Dieu, qui a préparé pour elle une « Pentecôte » particulière. Comme au début de la création (cf. Gn 1,2), Dieu veut « couver » Marie de son Esprit, une force capable d’ouvrir ce qui est fermé sans le violer, sans porter atteinte à la liberté humaine ; il veut l’envelopper dans la « nuée » de sa présence (cf. 1Co 10,1-2) pour que le Fils vive en elle et qu’elle vive en lui.
Et Marie s’illumine de confiance : elle est « une lampe à plusieurs lumières », comme le dit Théophane dans son Canon de l’Annonciation. Elle se livre, elle obéit, elle fait de la place : elle est « une chambre nuptiale faite par Dieu » (ibid.). Marie accueille le Verbe dans sa propre chair et s’engage ainsi dans la plus grande mission jamais confiée à une femme, à une créature humaine. Elle se met au service : elle est pleine de tout, non pas comme esclave mais comme collaboratrice de Dieu le Père, pleine de dignité et d’autorité pour administrer, comme elle le fera à Cana, les dons du trésor divin, afin que beaucoup puissent y puiser à pleines mains.
Chères sœurs, chers frères, apprenons de Marie, Mère du Sauveur et notre Mère, à avoir les oreilles ouvertes à la Parole divine, à l’accueillir et à la chérir, afin qu’elle fasse de nos cœurs des tabernacles de sa présence, des maisons hospitalières où l’espérance peut grandir. Je vous remercie.
Copyright version originale en italien © Dicastero per la Comunicazione – Libreria Editrice Vaticana

